mardi 19 juin 2012

La Jukola, ou la passion de l'excès


La Jukola. La course qui résonne aux oreilles des orienteurs comme "LA" course à faire dans sa vie. J'ai déjà parlé de la Tiomila, il faut imaginer ça à la puissance 10. Tous ceux qui l'ont couru en gardent un souvenir plus que marquant, ce sera la même pour moi. La Juko, c'est le plus gros relais de course d'orientation du monde, mais c'est aussi tout ce qu'il y a autour de ce WE particulier. Quelques chiffres pour se faire une idée:
- 1650 équipes hommes, 1250 équipes femmes (je vous raconte pas le 1er relais...)
- 16 500 coureurs
- plus de 40 000 personnes présentes
- 10h de bus aller
- 2 nuits de ferry
- pas beaucoup d'heures de sommeil.

La Jukola, c'est le mythe finlandais, le pays où la course à pied est une religion et où toute personne qui se respecte doit avoir couru la Jukola une fois dans sa vie. Question d'honneur. On voit donc vraiment de tout, des meilleurs mondiaux à des équipes dont pas un type n'a tenu une carte de sa vie. Ce qui a tendance à rajouter à l'ambiance quelque chose de festif et sympa, à commencer par le speaker qui rappelle le principe de la CO avant le départ, par exemple.



Vendredi matin, 3h45. Dring dring, debout. 5h, départ en bus, direction Stockholm, traversée intégrale de la Suède (ouest-est, nord-sud ce sera pour plus plus tard!). Comme pour la Tio, le bus est plein, on voyage avec les clubs du coin. Sociabilisation en environnement confiné, acte II. Finalement le trajet passe plutôt vite, entre sieste, discussion profonde sur les différences France-Norvège, et leçon de norvégien. 17h, départ en ferry pour Helsinki, arrivée à 9h le lendemain matin. Des duvets sur les sacs de 20kg, des tenues clubs partout, les orienteurs sont dans la place, et y'en reste pas beaucoup pour les autres. Le buffet est énorme, je m'en mets à m'en faire éclater le bide; de la bonne bouffe, enfin!! Ensuite, c'est Angleterre-Suède sur écran géant. Tout le bateau est réveillé et tangue pour les 2 buts suédois. Et tous les norvégiens sautent de joie quand l'Angleterre marque son 3e, moi je pleure avec les suédois, chacun ses ennemis ^^ !!

Arrivée à Helsinki, grand soleil, 25°C, ça sent bon!! Je sais en me réveillant que les heures de sommeil d'ici lundi seront comptées, et j'ai bien l'intention d'en rater le moins possible, quitte à aller au boulot à 4 pattes mardi. Le lieu de course est à moins d'une heure du centre-ville, ce qui explique le nouveau record de participation de cette année. On a l'impression d'être au milieu de la cambrousse, en faisant attention, l'autoroute  est juste à l'autre bout de la carte, et on est en fait en pleine "banlieue"... Plus précisément, carrément une nouvelle ville, le temps d'un WE. Des tentes à perte de vue, 2 écrans géants, les médias pour une retransmission en direct intégral à la TV finlandaise, un stand de bouffe hallucinant, des toilettes portables par paquet de 20 partout (ça en dit long), des stands pour refaire la garde robe CO de tout le monde pour toute la saison, ... C'est juste énorme.


Le départ des filles est à 14h et laisse entrevoir ce que sera la grand-messe du soir. Ca promet!! On suit tranquillement la course GPS-trackée sur l'écran, où le dernier relais est plutôt à suspens. La Norvège montre encore une fois qui est le chef, et après la Tio, Halden l'emporte encore une fois. La première équipe du club fait plutôt une bonne course, à la lutte pour le top 100 jusqu'au dernier relais. Ensuite, repos-glandage pour les mecs, on attends le soir avec impatience. Dormir? Veux pas, et de toutes façons je pourrais pas.



22h30, le ciel commence à s'assombrir, départ des mecs. On est placés à quelques centaines de mètres du départ, histoire d'être seuls et de profiter de l'étirement du peloton. 2' de défilement ininterrompu, et dire que tout ça va se retrouver en même temps dans la forêt, à se courir après. Crazy. Le suivi du début de course est assez marrant, le 1er poste TV est un flot continu de frontales pendant des dizaines de minutes ... avant le 2e où l'idée est toujours bien présente même si on remarque un peu plus d'espacement. 1h30 de sommeil plus tard, le jour commence à pointer doucement son nez, et les nuages de la veille qui ont amené quelques gouttes s'en vont. Vers les 4h, c'est parti pour moi, la frontale sur le front qui me servira à peine 10mn... En forêt, des traces dans tous les sens, des vrais chemins.  Une belle erreur au 1er poste où j'ai du mal à me mettre dans la carte et où je cherche beaucoup trop tôt, un peu plus de 5' perdues sur les 3-4 premiers postes, ça commence bien tiens... La suite est mieux, y'a du monde partout, il faut choisir son lièvre et sa trace et bien garder le contact avec la carte au risque de s'envoler. Le terrain est vraiment sympa à courir, bien qu'il y ait un peu trop de vert dans les marais. Au final une course correcte mais sans plus, mais j'ai repris des places, c'est le principal. Le suivant fait une course de feu, et grâce aux places gagnées par les 2 derniers, on rentre tout juste dans le top 200. Objectif minimum absolu, on fera mieux l'année prochaine ;). On bat les autres clubs du bus et de la région, c'est le plus important, et nous assure encore une année de suprématie dans les esprits!!
Le temps prends une autre dimension, j'ai l'impression d'être en pleine journée et de péter le feu, il est même pas 7h du mat... Pourtant le casse-dalle au sauss passe vraiment bien!! 9h, départ en masse des attardés. Tout aussi impressionnant!! La pluie arrive juste après, on se réfugie sous la tente en attendant pour les 2 dernières heures. Arrivée sous le grand soleil, départ sous des trombes d'eau... 3h sous la flotte à tuer dans Helsinki avant le ferry, on fera classique: pizza + bar.

Le bazar et les cadavres de bières dans le hall d'embarquement sont un avant-gout de la nuit à venir: un souk monstre dans tout le bateau, des "jeunes fortement alcoolisées" dans tous les escaliers, bref, on fête la Jukola quoi!! Le décalage horaire permet de dormir 1h de plus, c'est pas de trop! De même, les 2 premières heures de bus sont étrangement calmes (du moins, de ce que j'ai vu). Le retour passe moins vite que l'aller, et tout le monde est bien content de quitter le plat pays et d'arriver dans nos petites montagnes.

Le nombre, le pèlerinage de chaque petit club, le gigantisme de l'évènement lui-même, la passion, le ferry retour: tout est à l'excès (sauf les heures de sommeil :) ) Et c'est bon!! La conclusion d'un WE chargé en émotions et en souvenirs. A l'année prochaine, surement.