jeudi 17 mai 2012

17 Mai



A défaut d'EOC en Suède (et je suis pas le seul à pas pouvoir courir :) ), je me console en me disant que je vais vivre un 17 Mai en Norvège. Le 17 Mai en Norvège, c'est un jour particulier, on en entends parler depuis le tout début du mois, tout le monde l'attends. C'est le jour de la fête nationale. Et c'est pas n'importe quoi.
Rappel (ou plutôt "appel" ^^) historique: nous sommes au début du XIXe siècle, la Norvège est sous domination danoise depuis la fin des Vikings (qui eux avaient déjà soumis pas mal de monde, il paraît qu'ils ont même conquit Paris un moment), et la Suède lui dispute depuis au moins aussi longtemps. Et vient Napoléon. Le Danemark s'allie à lui dans l'idée de conforter sa domination en cas de victoire, la Suède fait le pari inverse et lui fait la guerre avec l'idée de récupérer la Norvège en cas de défaite de Napoléon. C'est ces derniers qui on vu juste finalement. La Norvège est alors officiellement attribuée à la Suède, mais déclare son indépendance le 17 mai 1814 en adoptant une Constitution fortement inspirée de celle de la Révolution Française, jusqu'aux couleurs du drapeau. Elle reste cependant sous domination suédoise, jusqu'en 1905, où le pays devient alors officiellement indépendant. Le 17 mai devient la fête nationale.
Défilé des enfants
Cette journée, très importante dans l'esprit collectif norvégien, est célébrée bien différemment de ce qu'on peut imaginer... Des drapeaux à toutes les maisons sans exceptions, dans les jardins, sur les voitures, à la mains, sur les devantures de magasins,... Le matin, chaque école parade dans les rues de son village/quartier, avec drapeaux, fanfares et cie. Des "extras" peuvent venir s'y rajouter pour le fun. Tout le monde est alors amassé le long de la route à regarder les gamins défiler avec leur petits drapeaux. Pour tous, c'est tenue correct exigée, et bunad fortement recommandé (costume traditionnel). Le costard pour les mecs est le minimum syndical et le plus répandu mais la quasi-totalité de ces dames ont leur bunad, reçu lors de leur confirmation et qu'elle gardent le plus longtemps possible. A 25 000 Kr (+ de 3 000€), on comprends pourquoi!! Pour les mioches, le traitement est identique.

Le POL est dans la place!

L'après-midi, c'est le grand défilé à la ville: au tour des clubs, associations, organisations, ... de se mettre en avant. Et ya du monde. Comme le POL y prends part et qu'on a fortement insisté pour que je vienne y participer, ce sera seen from inside pour moi. Malgré la pluie du début, le monde massé sur les trottoirs tout le long est impressionnant, il ne doit pas rester grand monde dans les chaumières. Et personne en jean-baskets. Quand je réponds à certains qu'il n'y a pas de costume traditionnel en France (aussi répandu, je veux dire) et que tout le monde s'habille normalement pour le 14 Juillet, que c'est une journée somme toute banale, à part les balloches et les feux d'artifice, on me regarde avec des yeux énormes, l'air de dire "c'est bien vous qui avez fait la Révolution??"


Au final, la fête nationale ici c'est pas un mot en l'air, c'est le jour "des gens" (du peuple pour reprendre les discours), des enfants, de l'avenir, de la fête, au moins dans l'esprit (sauf la fête!). On est aussi fier d'être Norvégien et on l'affiche. On est bien loin du défilé de bérets sur les Champs, complètement ringard et qui plus est à total contre-courant historique.

Départ du défilé

mardi 15 mai 2012

Mølen

Belle illustration de cette belle journée.

Après une journée de samedi passée entre commattage et sieste, le grand beau temps de dimanche pousse à aller prendre l'air. Consultation des avis divers, et direction un petit coin pas loin, le long de la côte, apparemment joli: Mølen, vestige caillouteux des époques glaciaires, avec des pierres en provenance d'une bonne partie de la Norvège du sud et du Danemark, amenées par les glaciers, et regroupées en énormes tas (et d'autres plus petits) par les Cro-Magnons locaux ou les "pré-Vikings", pour des raisons pas encore très certaines. Prolongation de la minute culturelle ici et .
En tous cas, même si ces tas de cailloux ne sont pas une oeuvre hors-du-commun et qu'on se demande bien ce qu'ils avaient dans la tête en les emplilant (et pas à la pelleteuse en plus...), c'est toujours un truc original de vu. Et surtout que la suite vaut le détour. En effet, la côte est vraiment superbe à cet endroit, et le fort vent qui vient remuer la mer rajoute au tableau. Ca vaudra une séance photo prolongée, jusqu'à la fin de la batterie. En plus, la lumière n'est pas mal, et j'en profite pour m'essayer à "faire" de la photo, et pas juste "prendre" des photos. Ya encore du boulot, mais certaines sont quand même pas mal je trouve. Voir les résultats ici. Bien que n'étant pas un grand amoureux de la mer, je dois admettre que cette fois c'est vraiment le pied. Avec le vent et le froid, debout sur un bout de caillou au bord de l'eau et des vagues qui s'éclatent sur les rochers, on ressent le même genre de choses qu'en montagne, la puissance des éléments et la beauté des paysages.

Avec Christian sur un des tas de cailloux.


La bonne nouvelle, c'est qu'il existe un beau sentier qui relie Larvik à Helgeroa, la petite ville juste à côté de Mølen, par la côte, 35km. Plat, donc, mais ça doit bien valoir le coup, et j'irais surement y faire un tour avec un collègue.
Au retour, arrêt dans la petite bourgade d'Helgeroa, charmante malgré le vent et le froid, et fin de cette journée bien sympa au chaud dans un café.

Côté boulot, la seconde livraison des batteries que je dois étudier viens d'arriver, ça promet donc des prochains jours chargés... Comme je suis encore au repos sportif forcé, ça m'occupera !

Helgeroa

Helgeroa

samedi 12 mai 2012

Ti topper'n

Dans le bus revenant de la Tio dimanche, Paul Martin, le petit-jeune-du-club-qui-tourne-bien, me parle d'une course dans le coin la semaine suivante, assez longue, de nuit, dont le but est en gros de visiter 10 sommets des alentours (10 topper...). Ni une ni deux, un petit tour sur le site pour voir (oui, juste"voir", cf plus loin) de quoi il s'agit: environ 60km/2000 D+, départ minuit, autonomie complète, amener la carte. Je signe.


Hier donc, après avoir tourné en rond un bon moment avant de trouver le rdv et être arrivé juste avant le départ du bus, petit briefing dans ce dernier. Ca se précise un peu plus: il y a une balise en haut de chaque sommet, entre les deux c'est débrouillez-vous (d'où la carte :) ), il y a un iti plus ou moins logique pour chacun; il y a 3 points (où? il sait pas trop ^^) où on peut abandonner; l'eau est potable partout. En gros, c'est tu viens, et tu cours, point (tu payes aussi ^^). Certains connaissent le parcours, on peut les suivre. Départ à minuit pile du  top n°0, où on est tous allés ensemble en guise d'échauffement. Il y a une grosse cinquantaine de personnes, pas mal en touristes pour faire un truc fun, le reste a l'air un peu plus sérieux. La descente annonce la couleur: technique, humide et glissant. Ce se bouscule pas devant, et je fais ma place derrière 4 types d'une "team". Arrivée ensuite sur une route, 10bornes à faire dessus avant d'entamer les choses sérieuses, histoire de faire de la vitesse dès le début. Les 4 prennent tout de suite une bonne centaine de mètres. Comme ils connaissent le parcours, je me dis que ce serait bien de les accrocher et de les suivre. Plus ça va, plus je pense que ça va pas être drôle tout seul (derrière c'est déjà loin), et qu'il faut que je rentre sur eux avant la forêt. Un petit coup d'accélérateur et je les rattrape juste à la fin de la route. Présentations. En fait, c'est une équipe de triathlètes/raideurs qui vient en profiter pour s'entraîner. La nana a l'air de bien envoyer, et un autre type, rien qu'à le voir, on est sur que c'est le tracteur de l'équipe. En effet. Les 2 préparent le plus gros triathlon de Norvège (ne m'en demandez pas plus). Ca avance pas super vite pourtant, mais c'est encore long. Après quelques temps avec eux, je suis persuadé de pouvoir les tenir jusqu'au bout. Le bon vieux Diesel est en route. Une fois dans la forêt, après avoir traversé plusieurs marais bien frais, pris des traces qui ressemblaient pas à grande chose (et surement pas sur la carte!), et "taillé dans vert", ca n'a plus grand-chose de "trail" cette histoire, à part courir, et encore, quand c'est possible. Ca ressemble plutôt à une section trek de raid, de vrai raid non-stop, et c'est pas pour me déplaire, de loin. 2e sommet, descente dans ce qui ressemble plus à un lit de torrent qu'à un chemin. Ca confirme. La suite est épique. Coupe de 2 bornes dans la jungle et les marais, 45min. Interminable. C'est plus l'aventure qu'autre chose. Mais le sentiment d'être paumé là au milieu en pleine nuit est insaisissable. Quel bonheur aussi de déboucher sur une bonne piste bien large après un beau sentier technique, et d'envoyer du bois en se motivant mutuellement. Je connais aucun des prénoms, mais on fait partie de la même équipe. L'esprit est là, c'est cool.
Puis, jour levant sur les 2 sommets suivants, très rapprochés et avec de belles vues. Ca met de bonne humeur, d'autant plus que les jambes commencent à se faire lourdes. Les sentiers sont superbes à courir, les quelques vues sont très sympas, la motivation apportée par le groupe est là, et le mélange d'aventure et d'effort est palpitant. Bientôt, les jambes sont bien entamées, mais le mental permet tout, comme toujours. La fatigue de la nuit blanche est complètement absente, et je suis pas mal dans le groupe. Je me mets à penser à une place; même sur une course comme ça, c'est toujours ça de pris. Le soleil se lève. Un peu de chaleur, au fond de m...   mes chaussures, gelées après une longue traversée de marais non-stop.

Après le 8e sommet, l'organisation un peu vicelarde fait repasser par l'arrivée, une petite dizaine de km plus loin, avant de repartir pour une dernière boucle de 10km aussi et avec les 2 derniers sommets. Ca commence à être dur et je m'accroche. Je suis pas le seul, la troupe s'étire, avec en tête le tracteur et la fille. C'est assez roulant et propice aux écarts. Je craque un peu et les laissent prendre un peu de distance, je les rattraperais tous à la petite pause qu'ils feront au 1er passage à l'arrivée, comme à presque tous les sommets (ces pauses qui ne m'ont pas fait que du bien, surtout avant la mi-course...). Un peu moins de 45km, 7h de course, sentier plein de pierres glissantes; et là ... c'est le drame. Ziiiip, boum! Aïe, mon genou tout juste refermé, merde. Un coup d'oeil: ya le même trou que 3 semaines plus tôt... Et je suis tout seul maintenant... L'arrivée est pas loin, c'est le bon point, mais le temps d'y arriver, le collant marron a pris une teinte rouge. On s'arrête là, pas la peine de jouer au con; ravito rapide et direction la Sykehus que je commence à connaître. Même pas 8h du mat. un samedi, et ya pas de médecin. Retour à 10h, c'est le même qu'il y a 3 semaines, il me reconnait et recommence le boulot. Retour au point de départ. Fais c****... Cette fois c'est les EOC que je vais rater, vraiment les boules...

Aperçu des marais

jeudi 10 mai 2012

10mila

Quand on fait de la CO en France ou ailleurs, la Tiomila on en entend parler tous les ans au début du printemps. Toujours avec ces noms de clubs qui claquent (Kalevan Rasti, Halden SK, OK Denseln,...), refuges des meilleurs français, suisses, russes, qui s'expatrient pour s'entrainer. C'est loin mais on en rêverait presque. Pour les non-initiés et pour faire court, la Tiomila c'est le 2e plus gros relais d'orientation du monde (près de 1000 équipes au total, Hommes (10 relayeurs), Dames (5), et Jeunes (4), soit env. 7000 coureurs), mais surement le plus relevé. Quand on fait de la CO en Scandinavie, la Tiomila on y va sans même y réfléchir. Récit.

Tout commence à mon arrivée au POL, où on me demande cash au 1er entrainement à la lueur de la frontale: "You want to run the Tiomila?" "Yes, of course!" "You want to run the Långa natten?" Euh, comment dire, on va commencer doucement pour l'instant!! La Långa natten (ou "Long Night"), c'est le mythe de la Tio, 16 à 18 bornes en plein milieu de la nuit, genre 2h-4h du mat, dans le froid, la fatigue,... Quelques semaines plus tard, l'équipe prend forme, on rameute 3 ou 4 gars des clubs autour pour boucler l'équipe incomplète. Les "vieux" n'étant pas méga motivés à l'idée de courir les fameuses 18bornes, c'est les 2 jeunes qui tiennent la corde. Le premier va participer au relais hommes pour la 1ere fois, le second (moi, héhé) fait vraiment n'imp avec son genou (et aussi aux entrainements), et n'est pas 100% serein à cette idée. Résultat du coach: ni l'un ni l'autre, ce sera finalement lui qui courera le mythique 4e relais. On se contente des lots de consolation: le 7e relais pour moi, 7km (le plus court); tant pis, l'important est de participer comme dirait l'autre. Tant mieux, il fera jour!!
Dans le même temps, quand j'annonce au boss pourquoi je serais absent le vendredi, il me réponds en substance: "You're going to Tiomila?! Ohh, I ran it loooonnnng ago, great! Enjoy it!!". C'est vraiment un autre perception de la CO ici...
Vendredi matin, départ donc à 9h, direction le centre de la Suède, pour 9h de bus et de sociabilisation en environnement restreint. Plutôt réussi, ça se passe vraiment de mieux en mieux avec les gens du clubs, ils testent leur français, et moi mon norvégien (j'ai plus de boulot qu'eux, pas de soucis!!). D'autant plus qu'il y a du nouveau monde, on fait le trajet avec 4-5 autres clubs du coin qui sont venus profiter du voyage du POL, actionnaire majoritaire dans l'histoire, du coup ça fait 2 bus pleins, et plein de gens à rencontrer. On voit le paysage changer, la Suède c'est vraiment le plat pays, y'a pas à dire.  D'un coup, le bus s'arrête sur un parking de camping au milieu de la pampa. Tout le monde descend, entrainement, dans 1h15 on est reparti, dépêchez-vous!! Bon bah, feu!! Les terrains sont assez différents, beaucoup plus plats, très rapides malgré la bruyère, et hyper agréable à courir. Vraiment impatient d'y être!! A l'hôtel le soir, il arrive des bus dans tous les sens, c'est plein d'orienteurs dans la place. Premier aperçu de l'importance de l'événement. Un gros plat de pâtes, la finale de hockey Suède/Norvège (pas une ambiance de folie devant la télé, on sent les esprits ailleurs!), et dodo.
Entrainement 10Mila
Ma 10mila
 Samedi, c'est le grand jour, même si après tout, je ne cours que le lendemain ^^. Du monde partout, des tentes clubs immenses devant lesquelles le TAD paraîtrait ridicule. Avec le vent, il y en a cependant déjà plusieurs en vrac. La journée est lancée par le relais jeune, où un le club est plutôt bien représenté. Vient ensuite celui des nanas, ça monte en intensité. En vent aussi. 21h30, enfin, départ du relais mecs, il fait pas encore nuit mais déjà bien sombre. Et le vent se calme avec l'arrivée de la lune. Papotte en suivant le début de course et en mangeant un bout, puis il est temps d'aller se reposer un peu, il fait déjà bien nuit. Se reposer, pas dormir, même dans les tentes militaires installées exprès à l'écart; entre le speaker, les voitures, les va-et-vient, et l'excitation, difficile de trouver le sommeil, je suis l'évolution de la pendule régulièrement. 3h, allez hop, on n'est pas là tous les jours, faut aller voir ce qu'il se passe. Un énorme phare jaune, qui me fait penser aux montées nocturnes queyrassines à skis, est posé sur le haut des sapins. Chouette. Il fait vite jour, ça se réveille aussi dans les tentes et les allées. Un long échauffement en guise d'attente et me voilà parti tout juste dans les 200 premiers, alors qu'on a été dans les 150-160 pendant plusieurs relais. Je vois partir les derniers relayeurs des premières équipes quelques minutes devant moi: Lundanes, Gueorgiou,... du lourd quoi. On passera les détails de la course, les jambes un peu lourdes, un peu fatigué, pas mal d'approximations sur les approches et un beau jardinage sur la fin qui vaut bien 3min... Ya encore des minutes à gagner, mais on est loin des places qui coûtent cher. Une place anecdotique au final pour l'équipe (168e), mais tous contents d'être là, et pas pressés de repartir. On serait bien restés faire la sieste au soleil...
Le retour en bus est beaucoup plus silencieux que l'aller, ça roupille dans tous les sens quasiment tout le long. Et je m'en plaint pas!! J'emprunte un téléphone sur le ferry pour jeter un coup d'oeil au résultats des élections (Ouf!!), et je me jette au lit en arrivant, sans même regarder les résultats officiels, encore moins  voir comment s'est passé le WE des copains orgas et coureurs au raid INP (l'année prochaine les loulous ;) ). Il fera jour demain encore...

Des belles photos ici: http://www.peterholgersson.se/2012/05/06/herrarnas-tiomila/
L'autre bout de la carte